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Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/96

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gustave

et les prairies sauvages pour se rendre au delà des montagnes Rocheuses.

Quelques jours après leur arrivée, M. Dumont et Gustave firent une visite à M. Lewis, qui les reçut fort cordialement. Après avoir parlé des nouvelles du jour et du long voyage qu’ils venaient de faire, M. Lewis prit la parole :

— Depuis que nous nous sommes quittés sur le vapeur, dit-il, j’ai souvent pensé à votre fils, qui fait preuve de beaucoup d’intelligence et de grands talents, et j’en suis venu à la conclusion qu’il serait bon de s’occuper de lui. Voici ce que je propose de faire si vous y consentez : j’offre de me charger de son éducation en le plaçant dans un de nos meilleurs collèges ; je l’enverrai même aux universités d’Europe, afin qu’il puisse parvenir aux plus hauts degrés de la science. À tout cela, je ne mettrai qu’une condition, c’est qu’il cesse de pratiquer les exercices de sa religion qui ne sont pas conformes à l’Évangile, et que plus tard il ne manquera pas de considérer comme des folies. Voyons, qu’en dites-vous, jeune homme ?

— Monsieur, dit Gustave d’un ton respectueux, votre offre généreuse est certainement une preuve d’amitié que je n’ai nullement méritée, et je vous en suis très reconnaissant ; il me fait peine cependant de ne pouvoir l’accepter, car il me faudrait, ou manquer à l’honneur en ne remplissant pas la condition que vous y mettez, ou me rendre coupable d’apostasie, en abandonnant une Église qui est pour moi, après Dieu, ce qu’il y a de plus sacré. Comme je ne voudrais pas me rendre coupable ni de l’une ni de l’autre de ces fautes, il m’est impossible d’accéder à vos désirs ; j’espère toutefois que vous ne verrez dans ce refus autre chose que la conséquence de mes principes, l’honneur et le devoir. Veuillez accepter mes sincères remerciements, et soyez persuadé que jamais je n’oublierai votre bonté pour moi.

— Tu me feras toujours honte, dit M. Dumont avec