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ii. — rivalen et blancheflor

accord, et tous deux jurèrent une trêve[1], au bout de laquelle ils verraient à conclure la paix.

G 407, 463-8.Peu de temps après, Rivalen eut désir de passer la mer pour visiter un pays étranger. Il confia le soin de tenir en son absence sa terre, ses châteaux, ses bourgs et ses villes à l’un de ses hommes, « son maréchal (G) », « assisté de barons et de preux chevaliers (S) » ; ce maréchal, dont il avait éprouvé la fidélité, G 451-61.s’appelait Roald le Foitenant[2]. Il désirait connaître les chevaliers renommés en terre lointaine, apprendre parmi eux de nouvelles vertus de chevalerie, et par là mieux valoir lui-même et accroître son prix et sa louange *||.

Or il avait maintes fois ouï parler de l’Angleterre, comme d’un pays grand et béni de Dieu, beau et illustre, fécond en toutes sortes de biens, riche en chevaliers courtois, en villes florissantes, en forts châteaux, en vastes chasses où pullulaient oiseaux et fauves, bien pourvu de métaux, d’or, d’argent, d’étoffes précieuses, de fourrures de vair, de gris, de sable. Aussi voulait-il voir de ses yeux l’excellence, la franchise et la courtoisie du noble peuple qui habite ce royaume et qui accueille à tant d’honneur et à tant d’amitié les hauts hommes qui viennent vers lui des terres étrangères et

  1. La durée de cette trêve reste indéterminée en S, E la fixe à sept ans, terme qui semble bien lointain, G à un an seulement, terme qui semble trop rapproché, à considérer les événements ultérieurs Ces désaccords proviennent peut-être de ce que Thomas avait négligé de marquer la durée de la trêve.
  2. G Rûal li Foitenant ; S Roald ; E Rohand ; Rohand trewe so stan (v. 270), épithète où Kölbing (Sir Tristrem, p. 99) reconnaît une traduction de Foitenant. S ne se décide à donner un nom à ce personnage qu’au chapitre XXIII, alors que son rôle est presque terminé. Sur cette bizarre particularité, déjà notée et que nous aurons encore à remarquer, cf. Kölbing, Saga, p. 205. — Nous écrirons, ainsi que G, Foitenant en un seul moi, comme on écrivait foimenti.