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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/129

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No 7088 (fo 2, Vo).

ÉPITRE

A EUSTACHE DES CHAMPS, DIT MOREL, BAILLI DE SENLIS[1].

(10 février 1404.)


Cet Eustache des Champs fut un des poètes les plus féconds et les plus estimés parmi les contemporains de Christine. Celle-ci se met au rang de ses disciples, et l’appelle son chier maistre et amis. Après lui avoir exprimé le désir de voir de ses œuvres vertueuses, Christine, qui songe sans doute en ce moment au Roman de la Rose, dit à Eustache Morel :

De telz erreurs faire on n’a honte,
Dont meisme nature en a honte.
Es voluptez chacun s’enlace,
Ne je ne voy nul qui s’en lasse.
Gent ne considèrent qu’ilz faillent ;
Toutes bonnes coustumes faillent ;
Car vertus sont mis en mesconte.
De science on ne tient mais compte,
Par qui on gouvernoit jadis.
. . . . . . . . . .
Lors le siècle estoit de fin or.

  1. Voyez la biographie d’Eustache des Champs en tête de ses poésies morales et historiques, publiées par notre collègue M. Crapelet, membre de la Société des Antiquaires de France. Paris, M. DCC XXXII.