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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/21

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sa plume au service de tout ce qu’il y avait de grand, de noble et de généreux dans notre pays. Aussi la voyons-nous, dans toutes ses œuvres, s’efforcer de ranimer les sentimens chevaleresques et chrétiens, affaiblis et presque éteints par un siècle d’indifférence religieuse et d’égoïsme monarchique. Son intelligence y prend toujours pour guide la plus haute moralité ; et c’est là ce qui constitue le caractère propre, essentiel de cette femme éminente ; de même que l’oubli de toute règle morale, les caprices du luxe et une insatiable cupidité distinguaient à la même époque les princes lettrés, parens de Charles VI. Christine va donc offrir un singulier contraste avec la société qui l’entoure et la protège.

Retenue par les vertus de son sexe à l’écart du mouvement des affaires et du choc brûlant des passions politiques, Christine osa pourtant, elle si douce et si craintive, les regarder en face lorsque l’amour du bien public lui en fit un devoir. Rien alors ne put l’arrêter. Cédant aux élans soudains d’un cœur généreux, elle affronta les ambitions rivales et s’interposa au milieu d’implacables jalousies. C’est ainsi qu’elle parut en 1405, lorsque la fureur du pouvoir allait mettre aux prises les