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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/24

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n’eut qu’à leur opposer la popularité. Il la gagna sans peine et sur-le-champ, en protestant contre une levée de nouveaux impôts dont il ne devait pas profiter.

Aussitôt, de la cour et des séances du conseil, où les jeunes princes étaient sans cesse aux prises, la lutte passa dans le domaine de l’opinion, descendit sur la place publique et se traduisit en deux partis contraires, acharnés l’un contre l’autre. Ici, la noblesse criblée de dettes, insatiable de luxe et de plaisirs, et dans sa recrudescence féodale aussi dédaigneuse de la patrie que de la royauté, également prête à recourir à une alliance avec l’étranger ou à un changement de dynastie [1] ; là, des créanciers appauvris avec tous les plébéiens furieux, les corporations des métiers dépouillées, depuis la révolte des maillotins en 1382, de toutes libertés municipales, enfin les moines mendians, tribuns populaires, qui reprenaient largement sous le froc ces mêmes libertés perdues. Une guerre à mort, renouvelée de la jacquerie, semblait toujours prête à éclater entre ces deux ex-

  1. Voyez Ordonnances des Rois de France, t. IX, Préface, p. xvii, et les Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. XV, p. 806.