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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/34

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usaiges de Guelfes et Gibelins. Or sont-ils nés en vostre terre. La semence y est germée, que jà n’y fauldra... Or abaissez vos cornes ; car votre gloire est défaillie. »

Et puis, s’adressant avec effusion à l’auteur de cette nouvelle guerre civile : «Viens doncques, viens noble duc de Berry, prince de haulte excellence, et suy la loi divine qui commande paix. Saisy la bride par grant force et arreste ceste non honorable armée, au moins jusques à ce que aus parties ayes parlé. Si t’en viens à Paris, en la cité ton père, où tu naquis, qui à toy crie en lermes, soupirs et pleurs, et te demande et requiert. Viens tost reconforter la cité adolée » Langage plein de sensibilité et de haute raison, empreint de larmes et de tristesse, et qui fait bien connaître Christine ! On sent qu’elle ne balançait pas entre son avenir et son devoir, entre sa position si modeste, si précaire, et une action sublime. Oubliant la faiblesse naturelle à son sexe et la réserve que lui imposait la prudence, elle poussa un nouveau cri de détresse, et, comme en 1405, fut admirable de dévouement dans sa noble détermination.

Cependant la paix se fit à condition que les deux compétiteurs s’éloigneraient également des affaires