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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/65

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cessé[1]. Leur dévouement appartenait plus au ciel qu’à la terre, et devrait être raconté dans un langage qui nous est inconnu. Mais grâce à leur exemple, qui ne peut se comparer qu’à ceux de la primitive église, l’histoire dira qu’au milieu des horreurs de 39, dans ces jours de païenne et sinistre mémoire, les femmes, pleines d’un noble et saint entraînement, allèrent chercher la gloire dans le martyre et firent de l’échafaud le trône de leur sexe. Au moyen âge, le christianisme leur avait donné un pouvoir de réconciliation pour toutes les guerres privées ou publiques : souvent aussi, leur mettant les armes à la main, il les envoyait, comme un gage de victoire, aux nations que l’injustice poussait à bout, et qui retrouvaient dans leur faiblesse au désespoir une Jeanne d’Arc pour les affranchir du joug étranger. De là, une gloire vraiment patriotique pour les femmes de cette époque ; et l’absence de tout danger, de toutes persécutions

  1. M. Lacretelle a remarqué avec beaucoup de justesse que le beau vers de M. Raynouard, dans ses Templiers :

    Mais il n’était plus temps... les chants avaient cesse,

    n’est que la traduction d’un fait également tragique et sublime, renouvelé plusieurs fois sous la terreur.