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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/68

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et touchante vertu de Valentine Visconti ! Celle-ci, délaissée par le duc d’Orléans, prince frivole qui l’avait épousée pour sa fortune, se vengeait de ses infidélités en donnant à son fils naturel l’éducation qui devait en faire l’intrépide Dunois ; et tandis qu’elle préparait un vaillant défenseur à la France, elle s’attachait au malheureux Charles VI, honteusement abandonné de toute sa cour. Son doux ascendant calmait le délire de ce monarque, qui n’avait gardé mémoire et connaissance ni de lui-même ni d’autrui, si ce n’est de la duchesse d’Orléans ; « car il la voyoit, dit Juvénal des Ursins, et regardoit très volontiers, et l’appeloit belle-sœur. Et comme souvent il y a de mauvaises langues, on disoit et publioient aucuns qu’elle l’avoit ensorcelé par le moyen de son père, le duc de Milan, qui estoit lombard, et qu’en son pays on usoit de telles choses[1]. » Ainsi la calomnie ne respectait

  1. Nous lisons dans une pièce inédite que nous espérons bientôt publier, ces vers adressés à Valentine Visconti, et qui durent la dédommager des calomnies dont elle était victime.

    Belle Susanne par sa grant saintité

    Fut accusée sans nulle vérité.

    Et condempnéc, par très faulx jugement,