Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/87

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que Fénelon, au XVIIe siècle, écrivant son Télémaque pour le duc de Bourgogne, n’avait pas cru empiéter sur le rôle d’autrui en composant son beau traité sur l'Éducation des Filles, Christine pouvait bien, au XVe siècle, prendre le même droit sur l’éducation des princes, et en particulier du jeune héritier de la couronne. Elle l’exerça donc à l’égard du Dauphin avec autant de courage que de dignité, et avec la même supériorité de talent et le même amour pour le bien public, que dans son Livre des trois Vertus. Du reste, on se tromperait étrangement, si l’on regardait le Livre de la Paix comme un fait exceptionnel dans la vie littéraire de son auteur. Grâce à l’universalité de ses études, Christine avait pu embrasser dans toute son étendue le rôle de publiciste. Elle avait donc écrit le Corps de Policie, adressé aux princes, aux nobles, aux chevaliers, et à l'universalité du peuple. Enfin, dans son Livre des Faits d’armes et de Chevalerie, elle avait composé à la fois un manuel d’éducation, un ouvrage de stratégie et un code du droit des gens pour la société guerrière du moyen âge. Aussi Henri VII fit-il traduire en anglais ce dernier ouvrage, comme on avait déjà fait pour plusieurs écrits de Christine, traduits dans cette langue sous