Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/103

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l’erreur. Je ne trouve pas moi qu’il ſoit dangereux de détromper les hommes à cet égard ; pourquoi leur taire une vérité avantageuſe ? n’eſt-ce pas leur rendre ſervice que de les délivrer d’un joug d’opinion & d’habitude ? on n’a pas toûjours regardé cette nation de travers, ajouta-t-il, puiſque la Juſtice l’a ſouvent ordonné, & la fait pratiquer ſous ſes yeux ; on avoit apparemment d’autres idées de la pudeur en ce tems-là. Il ſeroit bien à ſouhaiter, deſqu’elles ſuivent les impreſſions d’une mode arbitraire, qu’elles fuſſent rectifiées, en ſorte que nous viſſions clair ſur les choſes qu’une vieille coutume nous envelope ; on n’achetteroit pas chat en poche, & l’on ne feroit pas tant de mauvais marchés.

Je ne ſerai pas l’Apôtre de cette belle reforme, repartis-je ; cependant quoique vous puiſſiés dire, je ſuis fâchée qu’on nous ait vû ; non que le ſoin de ma réputation m’embarraſſe, ni que je trouve quelque ſatisfaction dans la bonne opinion d’autrui ; mais j’aime ma tranquillité & je redoute les tracaſſeries que Naſirola pourroit me faire. Je devinai juſte, elle ſouleva tout le monde contre moi.