Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/130

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tation de légéreté & d’indiſcrétion l’avoit mis en diſcrédit ; mais j’étois preſſée, & ſes ſoupirs me paroiſſant vrais, (ils ſont ordinairement les interprétes d’un cœur touché) j’acceptai ſon hommage.

La curioſité avoit plus de part à ſes empreſſemens que la dévotion, puiſqu’il attendoit ſans inquiétude l’occaſion de l’exercer. Cette criminelle indolence ne répondant point à l’impétuoſité de mes déſirs, irrités de l’abſence de Biladure, je ne ſongeai qu’à l’en guérir, en ranimant ſon ardeur convenablement à mes principes. Jamais perſonne n’a eû plus d’adreſſe pour faire naître ſans affectation le moment favorable ; je l’amenai au point où je le voulois par des diſpoſitions ſi naturelles, que ce fut au hazard ſeul qu’il dut l’attribuer.

Plus l’eſpérance de joüir d’un bien eſt prochain, plus l’impatience de le poſſeder eſt vive. Il remarqua ſans doute la mienne à travers les grimaces que nous ſuggère une fauſſe décence ; elles ne l’arrêterent en aucune façon, ſon