Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/131

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début fut digne de lui. Plus éclairé que certains Philoſophes qui peignent la volupté debout ou aſſiſe, il la vouloit étenduë, lui. Il me fit prendre cette attitude ſi bruſquement que je ne me ſerois pas aperçûë de l’air d’inſulte qu’il y mit, ſi la ſuite ne me l’avoit rappellé. J’aurois été la dupe de ſes éloges, tous cavaliers qu’ils étoient, & ſes careſſes quoique rapides m’auroient ſéduite, tant j’avois envie de l’être ; mais après avoir détaillé, touché, examiné les choſes les plus capables d’exciter la piété, ſans qu’il pût parvenir à en montrer le moindre échantillon ; je ne pus douter que ſes feux ne fuſſent de miſérables feux d’artifice, qui méritoient toute mon indignation.

Quelle inſolence ! lui dis-je, en me débarraſſant tout au plus vîte d’un fardeau qui m’étoit odieux ; pour qui me prenez-vous, je vous prie ? me croyés-vous faite pour être inſultée de la ſorte ! à Dieu ne plaiſe, répondit-il, auſſi hardiment que s’il n’eût pas fait une ſottiſe, c’eſt pour être adorée ; mais je ſuis ſurpris que vous preniés