Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/133

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front le plus ſanglant qu’on nous puiſſe faire.

J’aurois dû juger par-là que le tems qui détruit les plus beaux édifices, n’avoit pas épargné les miens, & m’annonçoit la décadence de mon Empire. Cette réfléxion digne de Naſirola, devoit dès-lors m’inſpirer le goût de la retraite. Qu’il eſt difficile de la faire à propos, & qu’il en coûte pour ſe rendre juſtice. Nous avons beau cacher nos années, il eſt impoſſible d’en reparer l’injure, & l’on s’en aperçoit toûjours trop tard.

Cependant l’amour du plaiſir ne s’éteint pas avec la jeuneſſe ; c’eſt un flambeau qui conſerve ſon feu dans l’agitation continuelle, il réſiſte tant qu’on ſçait l’occuper. De même que la chaleur de l’air pouſſée par la qualité contraire, ſe retire & acquiert de nouvelles forces dans les lieux ſouterrains : de même ce Dieu chaſſé par l’arrière ſaiſon ſe retire & ſe concentre chez nous, où il réunit toute ſa vigueur. L’antiperiſtaſe arrête la vieilleſſe ſur les bords du Temple, & y maintient les jeunes déſirs à l’abri de la cri-