Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/132

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pour un outrage, l’ardeur que l’on a de ſacrifier ſur vos Autels, ardeur que vous inſpirés, & qui ſe trouve juſtifiée par tant de charmes.

Sortés promptement, repris-je, en colére, ou je vous fais jetter par les fenêtres. Je me doutois bien que vous joindriés l’impertinence du propos à l’indignité de l’action, ſortez ? mes Gardes exprimoient l’altération & la fureur où j’étois de manière à le perſuader que je voulois être obéïe, & que les fadeurs qu’il commençoit de débiter fort humblement, lui ſerviroient auſſi peu que les excuſes qu’il avoit à me faire ; auſſi les retrancha-t-il, & me vis-je délivrée ſur le champ de ce bizarre animal ?

On n’eſt point inſenſible à la privation d’un bien que garantit l’opinion que l’on a de ſes charmes. C’eſt fauſſe délicateſſe, vanité déguiſée, & mauvaiſe foi, d’aſſurer que l’idée du plaiſir amuſe plus que le plaiſir même ; j’avouë que je ne ſçais point rafiner la volupté juſques-là, je préfere la réalité aux apparences, & je regarde l’inertie d’un Mutolite, comme l’af-