Aller au contenu

Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
iv

Nulle intrigue, nulle affaire, où quelqu’un des nôtres ne ſoit mêlé, tout eſt ſoumis à notre Empire ; les Muſes même ſans nous auroient peu de puiſſance ; & ſi les Auteurs à la mode étoient de bonne foi, ils conviendroient que c’eſt à l’impreſſion que nous avons faite, ou aux déſirs de meriter nos faveurs & nos aplaudiſſemens, que l’on doit leurs ouvrages les plus eſtimés.

Il n’eſt pas étonnant qu’un pouvoir auſſi grand ait porté les hommes à nous rendre des hommages continuels, un culte aſſidu ; nous ſommes leurs Idoles. Tantôt comme à Baal, ils ſe consacrent à nous avec l’ardeur de la plus vive flamme ; quelque-fois comme à Moloch, ils nous offrent les victimes qui nous ſont propres, les mains encor fumantes du plus pur de leur ſang ; ſouvent comme à Bel, les repas & les feſtins ſont témoins des honneurs divins qu’ils nous rendent.

Pluſieurs Philoſophes nous regardent comme l’ame du monde, le conſervateur des choſes dont la nature emprunte ſa force ; il eſt vrai qu’ils