Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/21

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jugé ridicule, nous renonçons à des biens réels pour en mériter d’imaginaires. Victimes de la crainte & de l’obéïſſance, nous nous arrêtons à des ſecours ſtériles, ſans oſer ſécoüer le joug qu’on nous impoſe, & nous ſaiſiſſons un objet frivole qui ne peut procurer de ſolides plaiſirs. Loin de nous ces êtres inutiles à la terre, les uns ſont mépriſables, les autres font pitié, ils ſont tous à plaindre.

Plus ambitieux, plus adroits, plus intelligens, communiquons nos feux à tout ce qui nous aproche ? qu’une foule de déſirs vole ſur nos pas ? qu’un mélange de rigueur & de complaiſance retienne ſans ceſſe nos adorateurs dans un équilibre d’eſpérance & de crainte ? jouïſſons quelque-fois du plaiſir qu’il y a de s’amuſer d’une ardeur ſans la ſatisfaire ; mais n’employons de fineſſe, & d’hipocriſie que vis-à-vis de ceux à qui nous ſommes ſurs d’en impoſer. Ne nous laiſſons deviner qu’à propos. Tendres mouvemens, attitudes nouvelles, tranſports charmans, n’épargnons rien pour féconder les deſſeins de la Providence, enfin par un manége