Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/24

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pas différente de la notre, que nous agiſſons plus raiſonnablement, & que nous ſommes plus conſéquents que la plûpart d’entre eux.

Le caprice & l’inconſtance dont ils nous ſoupçonnent, ne nous peuvent être reprochés ſans témérité. Sommes-nous capables d’agir, ou de ne pas agir en conſéquence de notre choix ? pouvons-nous ſuſpendre nos déſirs, en rétarder la marche pour les comparer les uns avec les autres ? l’humeur qui nous domine décide de nos actions. Quand nous nous laiſſons emporter par notre fantaiſie, c’eſt dans l’eſpérance d’une ſituation plus agréable, d’un bonheur plus grand. L’ennui du repos qui nous accable, la privation d’un bien qui nous chagrine, le charme d’un ſentiment inconnu qui nous ſéduit, le reſſort ſecret qui nous meut, le déſir violent qui nous preſſe, le goût d’un nouveau plaiſir qui nous entraîne, l’inquiétude qui nous tourmente, ne nous laiſſent aucune liberté, & nous déterminent infailliblement. Nous ſommes obligés en conſcience de ſuivre les impreſſions qui