Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/40

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très-ignorante en venant au monde, mon ame avoit à peine de l’inſtinct, oh ! que j’étois bête !

Cependant à force d’attention à m’inſpirer de la curioſité, de ſoins, & de répétition, on parvint à mettre en mouvement les reſſorts propres aux organes qui me ſont ſubordonnés. Alors ma maiſon ſe compoſa, mes miniſtres établirent & formérent leur magaſin, mes officiers commencérent l’exercice de leurs charges, ſi ce ne fut pas d’abord avec l’aiſance & la facilité que donne l’habitude ; au moins ſe mirent-ils en état de l’acquerir, & de ſe perfectionner dans la ſuite.

On n’imagineroit pas que mes états à la merci d’autrui loin de diminuer, augmentérent à vûë d’œil. Mon pere avoit pris des arrangemens ſi juſtes, il avoit ſi bien diſpoſé les choſes, que mes poſſeſſions s’acrûrent, mes Palais s’embellirent, les déhors de mon Temple parûrent cultivés, je gagnai du terrain, mes apartements s’agrandirent, je fus moins à l’étroit.

Mon ame errante juſques-là, ne s’étoit fixée nulle part. Son peu de lu-