Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/41

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mière ne m’éclairoit pas aſſez, pour la déterminer ; je ſentois bien par certains mouvemens que mon Chancelier ne pouvoit expliquer, par une inquiétude ſecrette dont mon premier Miniſtre ne pouvoit rendre raiſon, par un embarras équivoque, qu’il me manquoit quelque choſe pour être dans l’ordre. Outrée de mon ignorance & de celle de mon Conſeil, je me livrois quelque fois au dépit le plus violent, pour voir ſi l’excès ne m’inſtruiroit pas mieux ; je voulois me ſéparer de moi-même dans l’eſpérance de diſtinguer, & de découvrir la nature de mes déſirs ; mais tous mes efforts étoient inutiles, mon embarras étoit plus grand, mon ardeur plus vive, mon inquiétude plus chagrinante. Sans diſtractions que celles d’une occupation uniforme & momentanée, rien ne me ſoulageoit, tout augmentoit ma peine.

Ce fut bien pis, la première fois que mes Gardes découvrirent un Royaume aſſez ſemblable au mien ; mais gouverné par une Divinité toute différente. L’image quoique racourcie de ce Dieu étranger porta le déſordre dans toutes