Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/44

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tourdiſſoit ſur la nature d’un deſſein dont j’ignorois les ſuites ; en tout cas je ne cherchois pas à m’y oppoſer, je ſécondois même leur badinage, & je m’y prêtois de bonne grace, lorſque ſeul avec une hardieſſe qui auroit étonné les portiers les plus réſolus ; après avoir contraint les naïades timides à ſe retirer, il s’introduiſit légérement & ſe gliſſa à la dérobée juſques au trône de la Volupté. Cette Divinité fut ſi touchée des mouvemens qu’il ſe donna, & de l’ardeur avec laquelle il ſçût les entretenir, qu’elle ſe communiqua ſans reſerve. Je partageai bien-tôt des tranſports qui me devenoient néceſſaires : bien-tôt une foule de déſirs plus curieux que ſatisfaits en augmenta la vivacité, une douce yvreſſe s’empara de mes ſujets, & les livra d’autant plus vite à Morphée, qu’ils s’étoient fatigués davantage à cette recherche. Un ſonge charmant les aſſura de mon bonheur & me fit gouter des délices qu’on ne ſçauroit exprimer.

Tel fût l’époque de mon diſcernement. Je raiſonnai pour la première fois, je comparai ; je conclus, ſans