Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11

La vanité ſeule qui me l’avoit dictée eut lieu d’être ſatisfaite ; mais ma réputation ſouffrit de cette foule d’adorateurs. Chacun d’eux jugea de moi ſuivant l’idée qu’il en avoit pris, & rélative à la façon de penſer qui lui étoit propre. Tel voulut m’aprofondir davantage qui me dévina le moins. Je ſuis perſuadée que la plus part préconiſérent l’étourderie, la fauſſe retenuë, le menſonge & l’affectation qui me ſont ordinaires, pour fronder les qualités oppoſées que je n’avois pas. Ils déciderent tous que j’étois coquette, & dans le fond ils ſe trompérent encore ; j’étois tendre. J’ignorois l’art de ces variations ſalutaires qui corrigent une faveur légére par une rigueur aparente. Je n’en ſçavois pas aſſez pour les entretenir dans ces agitations aimables, ſeules capables de les occuper, & pour les conduire comme par dégrés d’eſpoir en eſpoir. Je voulois plaire, il eſt vrai, je cherchois à exciter des deſirs ; mais je n’aurois pas fui le moyen de les ſatisfaire.

Je me conſolai de leur erreur avec mon néceſſaire fidéle, qui par un ba-