Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/50

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dinage infatigable, me vengeoit tous les jours, & calmoit autant qu’il pouvoit le faire, l’impétuoſité d’une brûlante canicule qui ſe fait ſentir dans mon païs pendant la première ſaiſon. Son attachement lui valut la charge de Vicaire Général du Temple ; que je créai exprès pour lui (ce n’eſt pas le premier valet de chambre qui eſt parvenu à des emplois importans par cette route-là.) Je n’écoutai aucunes des remontrances qui me furent faites par les Miniſtres, qui trouvoient la reconnoiſſance trop forte ; mon panchant l’emporta ſur la politique. Je ne pris pas garde que l’affectation avec laquelle je le diſtinguois des autres, la tendre affection que je lui marquois ſans ménagement, & la faveur prodigieuſe où il étoit monté, donnoient de la jalouſie ; il m’occupoit ſeul. Je m’aperçus à peine de l’eſprit de parti qui s’emparoit des Grands, & je ne m’embarraſſai point du danger qu’il y avoit de le laiſſer fermenter ; mais enfin ſes aſſiduités trop fréquentes, ſes careſſes trop indiſcrettes, ſes hommages trop réïtérés, firent gronder la critique, & indiſpoſérent la Cour.