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Un point eſſentiel au Gouvernement eſt la connoiſſance de l’humeur & du naturel de la nation qui compoſe l’Etat. Mes ſujets étoient d’un tempérament ſi différens, de ſentimens ſi contraires, que de jour en jour leur conduite devenant embarraſſante, mon premier Miniſtre crut que la Réligion ſeroit un moyen pour les plier, pour les réduire & pour les amener au même but.

Sans elle, diſoit-il, comment les rendre capables d’ordre, de reſpect & de ſoumiſſion ? comment les appliquer à des objets convenables à leurs différentes prétentions, & à leurs intérêts reſpectiſs ? comment les entretenir dans cette modération prudente, dans cette harmonie néceſſaire à la ſocieté ? quel ſera le motif de leur ambition & de leurs deſirs ? il avoit raiſon ; ces réflexions étoient de bons ſens. Je lui permis donc de faire au ſujet de la Réligion les réglemens, & de prendre les méſures qui lui paroîtroient les plus juſtes, ſans vouloir l’inſtruire de la mienne, dont les principes étoient déja enracinés dans mon ame. J’étois bien ſûre de l’inſpirer, & de le ſubjuguer