Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/63

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ſans doute un jour ; mais que ce bonheur ne vous arrête pas de manière à vous en tenir là, & à vous faire échaper des plaiſirs nouveaux qui ſe refuſent à la conſtance. Loin de combattre des mouvemens qui nous ramênent trop à nous-mêmes pour pouvoir nous occuper long-tems des autres, ſaiſiſſés le premier inſtant de dégoût pour vous retirer ſur votre profit ; pourvû que ce ſoit ſans éclat & avec les ménagemens qu’on ſe doit, vous gagnerés toûjours à changer d’amant, quand vous les choiſirés avec prudence.

Je croyois, repliquai-je, que la conſtance étoit une vertu que l’on devoit s’efforcer d’acquerir, & que c’étoit au contraire ce trop grand amour de ſoi-même, & notre legéreté naturelle que nous devions combattre ; mais je conçois qu’une pareille violence étant ennemie du plaiſir, & que notre victoire n’étant pas poſſible, ce ſeroit trop riſquer, puiſque nous combattrions à pure perte. Cependant les amants, ſuivant la foible idée que j’en ai, ſe défieront d’un caractère volage, ou ne s’engageront pas de bonne foi ; cette