Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/62

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Mon panchant à prévenu le votre, lui répondis-je, en la careſſant ; je ſens bien, généreuſe Demichoigs, que le charme ſecret qui m’attache à vous n’eſt pas produit par une amitié ordinaire, & je vais m’y livrer avec tout l’empreſſement qu’excitent la curioſité & l’envie de s’inſtruire. Quelques plaiſirs domeſtiques ne m’ont pas donné beaucoup d’expérience. Je ſuis trop heureuſe que vous m’ayez jugé capable de profiter de vos leçons & de votre complaiſance. Un attachement éternel ſuffira-t-il à vous marquer ma réconnoiſſance ?

Ah gardez vous bien, reprit-elle, de vous attacher jamais conſtamment, je vous aime trop pour vous laiſſer prendre d’abord une auſſi méchante habitude. Tant que nous nous amuſerons, & que nous n’aurons rien de mieux, paſſe ; je ne vous en promets pas davantage, moi ; ſçachez belle Inciolino, que tout attachement n’eſt qu’un commerce où l’amour propre, l’intérêt & le plaiſir ſe propoſent quelque choſe à gagner, ſans l’un ou l’autre de ces objets, point d’affaire. Vous les réünirez