Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/70

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devoit être ébranlé juſqu’au fondement. L’enluminûre de ſes Dames d’honneur, la langueur de ſes Gardes, la fréquence de ſes ſoupirs me firent approcher avec une ſorte d’inquiétude, comme pour l’empêcher d’exécuter ſon deſſein. Viens, me dit-elle, d’une voix preſque étouffée, viens juger des plaiſirs par les tranſports qu’ils procurent, viens les aider à me combler des plus grands biens, oüi, bon, redouble ! ah Dieux ! j’expire.

Ce fut pour me raſſurer apparemment, qu’en perdant la parolle elle gliſſa ſon Chancellier à travers les barrières du mien, & qu’elle m’embraſſe autant qu’elle pouvoit le faire ; en tout cas un grand ſoupir me perſuada que je n’avois rien à craindre pour ſes jours.

Eh bien, continua-t-elle, en rétabliſſant le déſordre où elle étoit, que dites-vous de mes preuves ? elle tenoit encore ſon bélier ; croyés-vous à préſent que l’idée d’un plaiſir qui nous égale aux Dieux du premier ordre, puiſſe faire place à des réfléxions, qui le retardent & que notre ame qui en eſt pénétrée vacque à des ſoins qui pour-