Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/75

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dit, comptoit ſans doute ſur la docilité que j’affectois & ſur celle que j’inſpirerois aux autres ; mais ayant chargé ſes Ordonnances de trop de minuties, & ſe montrant inéxorable aux moindres tranſgreſſions, il arriva que ſans m’en mêler, ſes Loix devinrent inutiles, & qu’à la fin perſonne ne voulut les ſuivre.

Perſuadée que j’y avois mis obſtacle, & furieuſe du peu de reſpect que l’on avoit pour ſon autorité, elle fit tous ſes efforts pour balancer la mienne, & ſe promit bien de marquer ſon oppoſition à toutes mes volontés. Le plaiſir étoit le ſeul Dieu que j’adorois ; je ne connoiſſois de péchés, par rapport à moi, que la triſteſſe ou l’indolence, & par rapport aux autres que l’inconſtance & l’indiſcrétion. Ma tolérance étant entière, chacun avoit la liberté de penſer à ſa fantaiſie, & d’agir en conſéquence ; nulle chicane ſur la morale. Telle eſt la force des principes que la nature a pris ſoin de graver elle-même, tout le monde y ſouſcrivit, & les édits de la fille de Jupiter furent mis au rang des vieux almanachs.