Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
47

quoi. Naſirola n’avoit pas le mot à dire, les plaiſirs que je m’exagerois, lui troubloient la cervelle, mon agitation lui étoit nouvelle ; les feux dont je me ſentois brûler, m’étoient inconnus, comment auroit-elle expliqué des mouvemens que je trouvois moi-même inexplicables ?

Plus j’ai réfléchi dans la ſuite à cette ſituation, plus je me ſuis convaincuë que ce ſentiment, ou plûtôt cet inſtinct aveugle & cette fantaiſie indépendante ſont des Loix dictées par une intelligence ſupérieure, auxquelles il n’eſt pas poſſible de reſiſter, qu’elles ſont néceſſaires au bien général de l’Univers & préférables aux idées diſtinctes du préjugé qui leur eſt contraire. Qu’on vienne après cela nous reprocher de criminelles foibleſſes.

On a beau dire, le reſpect nous ennuye. Je commençois à trouver les préliminaires bien longs. Je reprochois ſecrettement à Clavilord de n’avoir pas profité de ces doux inſtants, où livrés à nous mêmes, les ſens d’intelligence ſont toûjours prêts à ſe réünir pour nos plaiſirs. J’avois reçû ſes careſſes avec