Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/86

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des tranſports qui devoient enflammer les ſiens, & lui donner l’idée de la volupté que j’adorois. Je ne lui avois pas encore pardonné d’avoir pris le change ſur une fauſſe retenuë que mes Gardes démentoient en toute occaſion ; lors qu’enfin il ſçût mériter ſa grace, en profitant de celle qui ſe préſenta.

Echauffée par des deſirs que le badinage de mon Vicaire entretenoit ; ſans ajuſtemens que ceux qui m’étoient néceſſaires pour relever les graces naïves dont j’étois pourvûë, étendue ſur un lit de gazon dans un cabinet aſſez ſombre & toûjours verd par l’humidité d’un ruiſſeau qui moüilloit les bords de cette ſolitude ; j’en conſiderois les flots, qui tantôt ſembloient ſe diſputer à qui répandroit le frais plus promptement, & qui tantôt paroiſſant ſe calmer, s’aplaniſſoient pour retracer les images dont ils étoient ſurpris ; quand Clavilord parut. Dieux que ce mortel étoit ſéduiſant ! que de nobleſſe dans ſon maintien, que d’ame dans ſon action !

Il s’étoit mis ce jour là avec plus de goût que de magnificence. Ses che-