Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/90

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qui l’attendoit, il ſe reprochoit tous les inſtans qui ne tendoient pas à augmenter le trouble dont il étoit enchanté. Pour moi loin d’une décence qui pique moins les plaiſirs qu’elle ne les corrompt, je livrois mes Etats ſans reſtriction & ſoumettois tout au vainqueur ; mais ſa flamme n’avoit pas beſoin de cette reſſource ; & les beautés les plus ſéduiſantes du païſage, ne l’arrêtérent que parce qu’il ne pût leur refuſer ſes éloges & ſes caréſſes.

Ah Clavilord, lui dis-je, d’une voix preſque éteinte, mon cher Clavilord ayes pitié de moi. Je ſuis… je ſuis perduë ſans remiſſion, arrêtés je vous en conjure… Clavilord écoutés-moi donc ? voulés-vous que j’expire, cruel ! mes priéres furent inutiles ; plus il trouvoit de réſiſtance, plus ſa conquête lui devenoit précieuſe & l’animoit à la victoire. La difficulté le rendit implacable, & rien ne l’arrêta, pas même le cry que je pouſſai, dernier effort d’une victime mourante, qui annonça ma défaite & ſon triomphe. Dieux ! diſoit-il, Dieux ! vos raviſſemens ſont moins doux ! enyvrée alors de mon