Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/89

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ſamment éclairé : eh ! qu’aurois-je pû lui dire, l’amour m’avoit impoſé ſilence ; en pareil cas on ne l’exprime jamais mieux qu’en perdant la parole.

Mais de quels feux mon ame ne fut-elle pas embraſée ! quel trouble délicieux, quel déſordre dans tous mes ſens aux tranſports furieux qui l’agitérent dans ce moment ! j’eus beau les partager avec la complaiſance dûë à notre mutuelle dévotion ; cette chere Idole ne put ſe placer ſur l’autel qu’elle ſe deſtinoit.

Je le vis ce Dieu de Lampſaque, ce Héros charmant, les obſtacles qu’il trouva dans ſon chemin avoient enflé ſon courage, de manière que le reſpect n’étoit pas le moindre ſentiment qu’il imprimoit. Loin de paroître abbattu par la honte d’un combat inutile, une douce fierté regnoit ſur ſon front, & les pleurs qu’il répandoit étoient moins une marque de foibleſſe que celle d’un noble dépit.

Clavilord ſûr de ſon excuſe, en effet elle étoit admirable, paroiſſoit encore plus intrépide. Occupé de la gloire