Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/92

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bout de quelques mois ; n’étant point accoutumée à un événement qui n’eſt pourtant que trop ordinaire, je n’écoutai qu’un ſot orgueil, qui me fit enviſager comme une démarche aviliſſante celle où j’étois obligée de me juſtifier d’un reproche mal fondé qu’une ennemie lui avoit ſuggeré. Cette mauvaiſe opinion qu’il prit de moi, étoit une première faute que je devois lui pardonner en faveur de ſa bonne conduite ; c’étoit une foibleſſe que mon propre intérêt devoit excuſer. Malheureuſement j’étois de la nature de ces plantes qui ſéchent ſur le pied, & meurent, ſi elles ne ſont arroſées ; je regardai ſon refroidiſſement comme un crime impardonnable.

Je connois à préſent le danger qu’il y a d’être ſi facile à écouter, ſi prompte à croire, ſi rigoureuſe à exiger, & combien on doit ſe défier des mauvais diſcours. Si j’avois fait réfléxion qu’une rivale jalouſe a l’eſprit de travers, qu’elle ne voit rien que du mauvais côté, qu’elle ramaſſe tout ce qu’elle entend, & qu’elle confond tout ce qu’elle ramaſſe, parce qu’elle veut