Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/93

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nuire à toute force ; je ne me ſerois pas embarraſſée de redreſſer les idées de Clavilord, & je l’aurois conſervé malgré la mauvaiſe volonté des curieuſes ; mais j’étois ſans expérience, Mentegiù ne m’aſſiſtoit jamais, & j’étois broüillée avec Naſirola. Je rompis donc avec lui ſans ménagement, & je le mis dans l’affreuſe néceſſité de haïr ce qu’il aimoit peut-être uniquement.

Ce n’eſt que l’habitude du commerce qui fait découdre avec prudence, au lieu de déchirer bruſquement. C’étoit mon premier traité, il n’eſt pas étonnant que j’ignoraſſe les précautions qu’on devoit prendre pour le rompre. Grace à mon étourderie, je ſçais qu’en pareil cas, l’éclat eſt la choſe du monde qu’on doit le plus éviter ; que s’il eſt funeſte à l’un des aſſociés, il eſt honteux pour l’autre, & nuit également à tous deux par les ſoupçons d’inconſtance, de bizarrerie, & d’injuſtice qu’il fait naître dans les eſprits. Il eſt aſſez triſte de ſe dédire par ſa conduite, ſans ſe charger encor de l’impertinence & de la baſſeſſe qu’il