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berté de les faire. Egarée, perduë, noyée dans les plaiſirs, mon ame attentive aux douceurs que répandoit la volupté, ne me permit pas de ſonger à autre choſe, & il en profita de manière à ſatisfaire ſa dévotion.

A peine fut il revenu de ſon égarement, qu’il m’accabla de careſſes & d’éloges. La variété & l’agrément dont il les aſſaiſonna, diſſipérent tous mes griefs, & m’engagérent ſans réfléxion à me prêter au badinage, & à la plaiſanterie qu’il y mêla. Convenés, dit-il, mon petit cœur que les cérémonies ſont des formalités ridicules à pluſieurs égards, & qu’on n’a jamais mieux ſait que de les bannir d’un commerce comme le notre ; vous m’avés quelque obligation, ſans vanité, d’avoir paſſé pardeſſus ; je vous ai ſauvée par-là, de petits détails que vous auriés échapé, & que vous auriés été fâchée de paroître ignorer.

Point du tout, répondis-je, vous vous trompés mon cher ; l’ignorance ſied ſi bien en pareille occaſion, que plus on eſt inſtruite, plus on affecte de ne rien ſçavoir, & je n’aurois eu