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Page:Thresor de la langue francoyse - 1606 - 1 - Nicot.djvu/113

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CH CH 109

Ceci me chagrine fort, Hæc res me malè habet.

Qui me chagrinent plus, Quæ animum meum magis solicitum habent.

Ce souci lors chagrinoit & trauailloit fort les Romains, Ea tum cura maximè intentos Romanos habebat.

Chahuant, m acut. Est vne espece d’oiseau, qui va voletant & huant de nuict, duquel chant huant il est ainsi nommé, car son chant n’est que bu & cry piteux : pour laquelle cause les Latins l’ont appelé Vlula, tiré comme Seruius dit, de ce mot Grec όλαλύζον, qui vaut autant que pleurer, gemir, & hurler, comme si vous disiez chahurlat. Ils l’ont aussi appelé Noctua, parce qu’il ne chante & ne erre que la nuict. Ils l’ont aussi nommé Bubo, par onomatopoée, representans le chant d’iceluy par ce nom, & dient que cest oiseau est feral & funebre, pour estre tenebreux & nocturne & effrayant : & à ceste occasion tenoit on anciennement son chat pour presage de calamité future, mesmes par mort de maladie. Il est hay à merueilles des autres oyseaux, lesquels pour estre diurnes, c’est à dire, errans & voletans par iour, & ne auoir la rencontre ordinaire de ce, dit Chahuant, & pour l’aspect hydeux de luy, le hayent & poursuyuent à coups de bec, & de griffes, quand ils le trouuent, faisans tous vn esquadron combattant contre luy, ausquels, comme Pline dit au liure 10. chap. 17. il resiste par se coucher à l’enners & se reserrant en arc, si qu’il demeure presque couuert de son bec & de ses griffes ou serres, laquelle inimitié estant apperceüe par les oyseleurs, se seruent dudit chahuant, pour attrapper ceux qui viennent à la meslée contre iceluy. De ce que dessus se voit que de l’appeler chathuant, & pour la difficulté de la prolation Francoise en l’aspiration H apres la consone, dire que Chahuant est fait de chathuant, il n’y a pas raison grande veu que ceste particule cha, est ailleurs commune au Fracois, comme en ces mots chatouille, chatfourré, chafouyn, esquels le mot de chat n’a que veoir.

vne Chaine, Catena.

Petite chaine, ou Chainette, Catenula.

La chaine & ordissure du tisserand, Subtegmen.

Annelet fait en facon d’vne chaine, Hamus catenatus.

Vne chaine d’or pesant deux liures, Torquis aureus duo pondo.

Le chainon du col, Ceruix.

Chainons du col tors & renuersez, Retortæ ceruices.

Les chainons d’vne chaine, Annuli catenæ.

Chair, Caro, Ce que communéement disons Chair, Les Hebrieux dient Scheer. Parquoy semble que nous ayons laissé la premiere lettre, & nous soyons accoustumez à prononcer Cheer.

Tous vendans chair cuite, Omnes popinarum institores, B. ex Seneca.

Chair rostie, Assaria daps, Assata caro.

Chair enuenimée, Caro venenata.

Chair de pigeon ramier, Palumbina caro.

Chair de porc, Caro suina, vel suilla.

La chair qu’on mange, Pulpa.

Vne piece de chair coupée, Offa.

Vne piece de chair coupée auec la queuë, Offa penita.

Chair salée piece à piece, Succidia, succidiæ.

Toute maniere de chair salée, ou poisson salé, Salsamentum.

La chair couurant les os, nerfs & veines, Membrum.

Toute la chair qui est entre la peau & les os, Viscus.

Chair de brebis ou autres bestes, Pecorina caro, Ouilla.

Chair de mouton, Veruecina.

Chair d’agneau, Agnina.

Chair de vache ou de bœuf, Bubula.

Chair de veau, Vitulina.

Chair de cheureau, Hœdina.

Chair de sanglier, Aprina.

Chair de cerf, Ceruina.

Chair de lieure, Leporina.

Chair de beste sauuage, Ferina.

La chair dure, qui est la vraye chair d’vne ouistre, Spondylus ostreorum.

I’aime bien la chair, mais ie n’aime point la gresse, Carnarius sum, pinguiarius non sum, Martialis.

Qui prend plaisir à manger chair, Carnarius.

Qui vit de chair, Carniuorus.

Ne manger point de chair, Carne abstinere.

Petit morceau de chair esleuée sur le corps, Verruca.

Largesse de chair toute cruë au trespas de quelque riche personnage, Visceratio.

Il commence à prendre chair, Ire in corpus cœpit, B. ex Quintiliano.

Ils font venir la chair viue, Lupini redigunt ad viuum corpus vlcera.

Qui est de chair, Carneus.

Lieu où on pend la chair pour la garder, Carnarium.

Mettre les chiens à la chair, Sanguine & cruenta præda canes imbuere, Cruentare rictus canum, & cruore imbuere.

Chaircuitier, Thermopola.

Chaircuiterie, Thermopolium.


Charnier, le lieu où on met les os des trespassez, Ossuaria.

Charnu, Corpulentus.

Ventre charnu, Carnosus venter.

Fort charnu, Lacertosus, Torosus.

La charnure d’vne personne, Tori.

Toutes herbes qui ont comme grosses & enleuées charnures en leurs racines, ou autrement, Herbæ torosæ.

Vne charongne, Cadauer, Nomen hoc dici videtur à fœtore, Græci enim χαρώτια loca quædam terrarum appellant quæ exhalant fœdos odores, ac sunt tanquam aditus quidam faucésque inferorum, Ex Victorio, certè molestus est odor cadauerum.

Chaire, Cathedra.

Chaire à demi ronde, Hemicyclus.

Chaire à bras, Sella gestatoria.

Chaire percée, Lasanum, B.

Chaire d’iuoire, dedans laquelle les grans magistrats de Rome estoient portez, Curulis, huius curulis.

Tirer aucun de la chaire iudiciaire, Detrahere aliquem è tribunali.

Chaire de prescheur, Conscio, Suggestus.

Dire en chaire, Pro concione dicere, B.

Chalan ou Chalon, Espece de moyen basteau.

Vne chalenée de bois, Nauis xylega.

Chaland, que le Picard dit Calland, Semble venir de καλώ, id est voco, car les marchans appellent ceux qui passent pour leur vendre : & appellent leurs chalans ceux ausquels ils ont coustume de vendre.

Chalandise.

Chalanger vne terre : aucuns Romans escriuent Chalenger, les autres Calenger vocable ancien Francois, Sibi asserere, S’en emparer, La faire & maintenir sienne.

Chalenger & defendre vne terre contre vn autre seigneur, Berinus.

Chalenger & requerre vne terre, Berinus.

Le Roy de Danemarc de long temps chalenge droit en ceste terre, Guy de VVaruich.

S’il aduient que tu me vainques, moy & mes parents demeurerons perpetuellement exilez de ce royaume, sans iamais y rien clamer ne chalenger.

Chalenger & conquerre vne damoizelle, Berinus.

Sire cheualier, ie vous chalange & requiers ceste proye, car elle est mienne, Berinus.

Ie vous chalenge la mort de mon oncle qu’auez tué. Guy de VVaruich.

Chalemie, Calamus.

Chalemeler, Calamo ludere, Calamos inflare.

Chalenger, voyez Chalanger.

Chaleur, Calor.

Grande chaleur, Feruor.

Cependant que les grandes chaleurs s’abbatent & refroidissent, Dum deferuescunt aestus.

Fort grande chaleur, Æstus altissimus.

La grande chaleur sortant du feu, comme celle qui sort de la gueule d’vne fournaise, Æstus.

La chaleur de ieunesse est refroidie, Deferbuit adolescentia.

Auoir grand chaud, Æstuare, B. ex Cicerone.

Donner chaleur, Impertire calorem.

Esmouuoir vne chaleur, Calorem facere.

Faire venir en chaleur. Se dit des bestes femelles comme lyces & antres, quand on leur fait venir le desir de la compagnie du masle pour engendrer, Maris appetentiam fœminae excitare, conflare, & pour les masles on vse plustost de ce mot rechauffer que de ladite locution faire venir en chaleur, ceste difference a bien obseruée Fouilloux au ch. 7. de sa venerie, disant, Et en faites boire par deux ou trois fois en potage à la lyce, elle ne faudra iamais de venir en chaleur. Et autant en peut-en faire au chien pour le rechauffer.

Reschauffer & remettre en chaleur, Refouere.

Qui est plein de chaleur, & fort chaud, Æstuosus.

Qui est sans danger de chaleur, Tutus à calore.

Chaleureux, Æstuosus.

Chaud & Chaudement, voyez l’ordre alphabetique.

Chauffer, Calefacere.

Ie feray chauffer les estuues, Balneum calefieri iubebo.

Chalict, voyez Chaslit.

Challon, sur Marne, ou en Champagne, Catalaunum.

Challon, sur Saone, Cabillonum, siue Cabillo, Aucuns escriuent Chaalons.

Chaloir, verb. neut. acut. Ce verbe n'a point les trois personnes que vne terminaison, Il ne me, te, luy, chaut de rien, Il ne me, te, luy challoit de rien, dont l'infinitif est chaloir, & signifie auoir soucy & soing de quelque chose, l'Italien dit aussi, non mi cale, non ti cale, non glio cale, mais c'est par phrases empruntées du Prouencal & metter in non cale, pour mettre à nonchaloir, Curam deponere rei alicuius, Ainsi chaloir est, De re aliqua sollicitum esse, On dit bien d'vn fayneant, qu'il ne luy chaut de rien, Nulla ex re anxius est, nihil neque sui neque alieni curat. Cic. lib. 1. de legib.

Ne se chaloir de rien, Nihil pensi habere.


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