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Page:Thucydide - Œuvres complètes, traduction Buchon, pp001-418, 1850.djvu/178

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niens. Les Lacédémoniens convoquèrent leurs alliés ; tous furent d’accord des articles convenus, et les confirmèrent par leurs suffrages, excepté les Bœotiens, les Corinthiens, ceux d’Élée et de Mégare, et d’autres à qui ce traité ne plaisait pas. La paix fut conclue ; les Lacédémoniens et leurs alliés la consacrèrent par des cérémonies religieuses, et par les sermens qu’ils prêtèrent aux Athéniens ; ceux-ci remplirent envers les Lacédémoniens les mêmes formalités. Voici quelles furent les conditions :

XVIII. «[1] Les Athéniens, les Lacédémoniens et les alliés ont fait la paix aux conditions suivantes, dont chaque ville a juré l’observation. Chacun, à sa volonté, pourra, suivant les anciens usages, offrir des sacrifices dans les temples qui sont communs à tous les Grecs, y aller sans crainte par terre et par mer, y consulter les oracles, y envoyer des théores.

« Le terrain de Delphes consacré à Apollon, le temple qui y est bâti, et Delphes enfin dans toute son étendue, sont libres sous leurs lois, exempts de tout tribut, et soumis à leur seule justice suivant les anciens usages.

« La paix durera pendant cinquante ans, sans dol ni dommage, sur terre et sur mer, entre les Athéniens et les alliés des Athéniens, et les Lacédémoniens et les alliés des Lacédémoniens.

« Qu’il ne soit permis de porter les armes, dans la vue de nuire, ni aux Lacédémoniens et à leurs alliés contre les Athéniens et leurs alliés, ni aux Athéniens et leurs alliés contre les Lacédémoniens et leurs alliés ; qu’il leur soit interdit toute ruse et toute sorte de machination.

« S’il survient entre eux quelque différend, qu’ils aient recours aux voies de la justice et aux sermens, suivant les conventions qu’ils auront faites.

« Que les Lacédémoniens et leurs alliés rendent Amphipolis aux Athéniens.

« Qu’il soit permis aux habitans de toutes les villes que les Lacédémoniens rendront aux Athéniens de se transporter ou ils voudront, en emportant ce qui leur appartient.

« Que les villes conservent leurs propres lois, en payant le même tribut auquel elles étaient taxées du temps d’Aristide.

« Qu’il ne soit permis aux Athéniens ni à leurs alliés de prendre les armes, dans le dessein de leur nuire, dès qu’ils auront payé le tribut, puisque la paix est faite. Ces villes sont : Argila, Stagyre, Acanthe, Schôlus, Olynthe, Spartôlus. Qu’elles n’entrent en alliance ni avec les Lacédémoniens ni avec les Athéniens. Que cependant, si les Athéniens les y font consentir par la voie de la persuasion, il soit permis à celles qui le voudront, d’entrer dans l’alliance d’Athènes.

« Que les Mécybernæens, les Panæens, les Singæens habitent leurs propres villes, ainsi que ceux d’Olynthe et d’Acanthe.

« Que les Lacédémoniens et leurs alliés rendent aux Athéniens Panactum ; et que les Athéniens rendent aux Lacédémoniens Coryphasium, Cythère, Méthone, Ptéléum et Atalante.

« Qu’ils rendent aussi tous les hommes de Lacédémone qu’ils ont dans les prisons d’Athènes, ou de quelque autre lieu que ce soit de leur domination ; qu’ils renvoient les Péloponnésiens assiégés dans Scione, et tous les autres alliés de Lacédémone qui se trouvent dans cette place, et tous ceux, en général, que Brasidas y a fait passer ; enfin que la liberté soit rendue à tout allié de Lacédémone qui se trouve dans les prisons d’Athènes, ou de quelque lieu de sa domination.

« Qu’en conséquence, les Lacédémoniens et leurs alliés rendent ce qu’ils ont d’Athéniens et d’alliés d’Athènes.

« Que les Athéniens prononcent, à leur gré, sur les habitans de Scione, de Toroné, et des autres villes qui sont sous leur puissance.

« Que les Athéniens prêtent serment aux Lacédémoniens et à leurs alliés, spécialement dans chaque ville ; qu’ils prêtent le serment particulier à chaque ville, et que chacune d’elles regarde comme le plus inviolable : que ce serment soit conçu ainsi : Je m’en tiendrai aux articles convenus, et à la teneur du traité, sans dol, et conformément à la justice.

« Que les Lacédémoniens et leurs alliés fassent le même serment aux Athéniens.

« Que l’une et l’autre république le renouvelle tous les ans : qu’il soit inscrit sur des colonnes

  1. Nous ayons cru devoir traduire ce traité dans toute sa simplicité ; c’est ce que n’ont pas osé faire même les interprètes latins. Il est bon de montrer aux modernes que les Grecs eux-mêmes, qui étaient si sensibles aux charmes du style, ne se piquaient pas de beau style quand il ne fallait que de la clarté.