Page:Thucydide - Œuvres complètes, traduction Buchon, pp001-418, 1850.djvu/239

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podius et de Démaratus, ils étaient descendus à Épidaure-Limera, et avaient ravagé Prasie et saccagé plusieurs autres campagnes ; ce qui était donner aux Lacédémoniens un juste motif de se défendre contre eux.

Après le départ des Lacédémoniens, et quand les Athéniens eurent quitté l’Argie et se furent rembarqués[1], les Argiens se jetèrent sur le pays de Phliasie, dévastèrent des champs, tuèrent du monde, et rentrèrent chez eux.


LIVRE SEPTIÈME.


1.[2] Gylippe et Pythen, après avoir fait radouber leurs navires, passèrent de Tarente chez les Locriens occidentaux. Ils reçurent la nouvelle certaine que Syracuse n’était pas encore entièrement investie, et qu’il pouvait encore y entrer une armée par Épipole. Ils délibérèrent s’ils devaient hasarder de s’y introduire en prenant la Sicile par la droite, ou si d’abord, cinglant sur la gauche du côté d’Iméra, ils prendraient avec eux les habitans, et tout ce qu’ils pourraient attirer à leur service, pour continuer leur chemin par terre. Nicias, sachant qu’ils étaient à Locres, avait dépêché quatre vaisseaux pour Rhégium ; et comme ces vaisseaux n’étaient pas encore arrivés, ils se décidèrent d’autant plus volontiers à suivre cette dernière route. Ils les prévinrent, traversèrent le détroit, prirent terre a Rhégium et à Messine, arrivèrent à Iméra, et y mirent leurs vaisseaux à sec. Ils persuadèrent aux habitans de les aider de leurs armes, de les suivre, et même d’armer les gens de l’équipage qui ne l’étaient pas. Ils envoyèrent chez les Sélinontins, et leur indiquèrent un rendez-vous, où ils les priaient de venir au-devant d’eux avec toutes leurs forces. Les habitans de Sélinonte promirent d’envoyer quelques troupes en petit nombre ; les citoyens de Géla et quelques-uns des Sicules firent la même promesse. Ceux-ci montraient bien plus de zèle qu’auparavant ; c’est qu’Archonidas, qui, de ces côtés, régnait sur une partie des Sicules, était mort depuis peu ; il ne manquait pas de puissance, et il était ami des Athéniens. Ils étaient encore animés par l’idée que Gylippe avait intention d’agir vigoureusement. Ce général se mit en marche pour Syracuse, emmenant ce qu’il avait pu armer de matelots et de soldats de marine, au mombre de sept cents au plus, les hoplites et les troupes légères d’Iméra formant ensemble mille hommes, cent cavaliers, quelques troupes légères de Sélinonte, peu de cavalerie de Géla, et des Sicules au nombre de mille en tout.

II. Cependant les Corinthiens, partis de Leucade avec les autres vaisseaux, mirent toute la célérité dont ils furent capables à venir au secours de Syracuse. Gongylus, l’un des généraux de Corinthe, parti le dernier avec un seul vaisseau, y arriva le premier peu de temps avant Gylippe. Il trouva les Syracusains sur le point de s’assembler pour mettre fin à la guerre. Il les détourna de ce dessein, et parvint à les rassurer, en leur apprenant que d’autres vaisseaux le suivaient, et qu’ils allaient voir arriver, en qualité de général, Gylippe, fils de Cléandridas, que leur envoyait Lacédémone. Les Syracusains reprirent courage, et sortirent avec toutes leurs troupes à la rencontre de Gylippe ; ils venaient d’apprendre qu’il n’était pas loin. Ce général enleva en passant Ièques, forteresse des Sicules, mit ses troupes en ordre de bataille, et vint à Épipole. Il monta par Euryèle, comme avaient fait auparavant les Athéniens, et ayant opéré sa jonction avec les Syracusains, il marcha aux retranchemens des ennemis,

Au moment où il arrivait, ceux-ci venaient de

  1. Avant le 26 juin.
  2. Dix-huitième année de la guerre du Péloponnèse, troisième année de la quatre-vingt-onzième olympiade, quatre cent quatorze ans ayant l’ère vulgaire. Après le 26 juin.