vant plus que lui révolté de la situation politique de Thèbes, il convient avec lui, après un serment réciproque de fidélité, des moyens d’opérer une révolution. Mellon s’adjoint six autres bannis propres à seconder ses vues. Sans autres armes que des poignards, ils entrent la nuit sur le territoire de Thèbes, passent le lendemain dans un lieu solitaire, et vont aux portes de la ville comme des traineurs revenant des travaux des champs. Ils entrent, et passent encore la nuit et le jour suivant chez un nommé Charon.
Les polémarques sortant de charge, célébraient les Aphrodisies. Phyllidas était occupé d’affaires relatives à cette fète : depuis longtemps il leur avait promis de leur amener les plus belles et les premières femmes de la ville ; il les assurait qu’il allait tenir parole. Ces hommes de plaisir attendaient la nuit avec une douce impatience. Après souper, échauffés par les vins qu’il les avait excités à boire, ils le pressent d’amener les courtisanes. Il sort, il amène Mellon et ses gens. Trois étaient travestis en maîtresses, les autres en servantes : il les conduit dans une chambre secrète du palais des polémarques ; il rentre. et annonce à Archias et à ses collègues que les femmes ne veulent point entrer qu’on n’ait éloigné les officiers. Les polémarques les congédient tous et l’instant : Phyllidas leur donne du vin et les envoie dans la maison de l’un des officiers. Il introduit les courtisanes et donne à chacun la sienne. Or, les coujurés étaient convenus qu’à l’instant où ils s’asseieraient, chacun se découvrirait et frapperait.
C’est ainsi que les polémarques moururent, au rapport de quelques-uns : d’autres racontent que Mellon et ses complices entrèrent comme de joyeux convives, et les tuèrent.
Phyllidas, accompagné de trois des conjurés, va ensuite chez Léontiade. Il frappe à la porte et dit qu’il veut lui donner un avis de la part des polémarques. Léontiade, qui venait de souper, se trouvait couché dans une chambre séparée ; près de lui était assise sa femme, qui filait de la laine. Plein de confiance dans Phyllidas, il fait ouvrir. Ils entrent, ils le poignardent ; ils compriment par des menaces les cris de sa femme. Au sortir de là, ils ordonnent qu’on ferme les portes, en menaçant, s’ils les trouvent ouvertes, de tuer tous ceux de la maison. Après ce coup décisif, Phyllidas va à la prison avec deux coujurés, et dit au geôlier qu’il lui amène un prisonnier de la part du polémarques. Le geôlier n’a pas plutôt ouvert qu’on le tue : les prisonniers mis en liberté, sont pourvus d’armes enlevées du portique, et conduits près du tombeau d’Amphion, avec ordre d’y rester sous les armes.
Bientôt, par la voix des hérauts, on ordonne à tous les Thébains, soit hoplites ou cavaliers ; de sortir ; on annonce que les tyrans sont morts. Tant que la nuit dura, la défiance retint les citoyens dans leurs maisons ; mais quand le jour les eut éclairés sur ce qui s’était passé, tous aussitôt, cavaliers, hoplites, accoururent avec leurs armes. Des exilés déjà rentrés dépéchèrent des cavaliers même aux deux stratèges qui gardaient les frontières de l’Attique, et qui d’avance connaissaient l’objet de la députation.
L’harmoste de la citadelle, informé de la proclamation de la nuit, envoya sur-le-champ à Thespie et à Platée demander du secours. La cavalerie thébaine, avertie de l’approche de ceux de Platée, vint à leur rencontre et en tua plus de vingt. Après cet exploit, on revint assiéger la forteresse avec les troupes arrivées en diligence des frontières athéniennes. La garnison se croyant trop peu nombreuse, voyant d’ailleurs et l’ardeur de tous les assiégeans et l’importance des prix proposés à ceux qui monteraient les premiers à l’assaut, fut saisie d’effroi et déclara qu’elle quitterait la place, pourvu qu’on la laissât sortir avec la vie sauve et les armes ; ce qui lui fut accordé volontiers. Sur cette trève garantie par la foi du serment, la garnison délogea. Cependant on saisit à la sortie tous ceux qu’on savait du parti contraire, et on les tua. Grâces aux troupes athéniennes des frontières, quelques-uns échappèrent au massacre et se sauvèrent. Tous les enfans des massacrés, sans exception, furent pris et égorgés.
Sur ces nouvelles, les Lacédémoniens punirent de mort l’harmoste qui avait rendu la place sans attendre de secours, et ordonnèrent une levée. Pour se dispenser de cette expédition, Agésilas représenta qu’il avait quarante ans de service, qu’à cet âge les autres particuliers étaient exempts de service hors de la république, que les rois devaient jouir du même privi-