Cependant on annonce à Lacédémone un deuxième renfort de Denys ; si l’on en croyait les Athéniens, il fallait l’envoyer en Thessalie contre les Thébains ; mais les Lacédémoniens obtinrent, dans l’assemblée des alliés, qu’il entrerait en Laconie. Arrivé à Sparte, Archidamus le réunit aux troupes de sa patrie, et se mit en campagne. il prit Caryes de vive force ; et tout ce qui fut pris vivant fut égorgé. De là il mena son armée droit à Parrhasie, ville d’Arcadie, dont il ravagea le territoire ; mais les Arcadiens et les Argiens survenant, il rétrograda et campa sur les collines voisines de Midée.
Il en était là, lorsque Cissidas, général des troupes de Denys, vint lui dire que le temps de son service était expiré. Aussitôt il reprit la route de Sparte ; comme il s’en retournait, les Messéniens l’ayant coupé dans un détroit, il envoya prier Archidamus de le dégager. Ce général y accourut ; mais parvenu au tournant qui mène à Eutrésie, les Arcadiens et les Argiens entrèrent aussi dans la Laconie, pour lui fermer le chemin de son pays. Lorsqu’il fut descendu dans la plaine où se croisent les chemins d’Eutrésie et de Midée, il rangea ses troupes en bataille.
Il parcourait les rangs, il les animait par ces paroles : « Citoyens, marchons en braves et la tête levée ; laissons à nos enfans notre patrie telle que nos pères nous l’ont transmise ; n’ayons plus à rougir à la vue de nos femmes, de nos enfans, de nos vieillards et des étrangers, qui auparavant contemplaient en nous les plus illustres des Grecs. »
Il dit ; et quoique le ciel fût serein, des éclairs et le tonnerre lui annoncèrent la protection des dieux ; le temple et la statue d’Hercule, dont on le fait descendre, se trouvèrent à sa droite ; ce qui inspira tant d’ardeur et d’audace aux soldats, qu’il était difficile aux chefs de contenir leur impatience. Archidamus les conduit : le petit nombre des ennemis qui les reçurent à la portée du trait, furent tués ; les autres, mis en déroute, tombèrent sous les coups ou des cavaliers ou des Celtes.
Le combat terminé, il dresse un trophée, et envoie le héraut Démotélès annoncer à Sparte cette victoire bien glorieuse sans doute, puisqu’il était mort tant d’ennemis sans qu’il eût perdu un seul homme. On dit qu’à cette nouvelle les vieillards et les éphores, à commencer par Agésilas, versèrent tous des larmes ; tant il est vrai que les larmes sont communes à la joie comme à la tristesse. Les Thébains et les Éléens ne se réjouirent pas moins qu’eux de cette défaite, tant l’orgueil des Arcadiens leur était insupportable.
Cependant les Thébains, sans cesse occupés des moyens de s’assurer la prééminence dans la Grèce, pensèrent que s’ils députaient vers le roi de Perse, ils obtiendraient par son entremise la supériorité. Ils assemblèrent donc leurs alliés, sous prétexte que le Lacédemonien Euthyclès était en Perse. Pélopidas y fut envoyé pour les Thébains, le pancratiaste Antiochus pour les Arcadiens, pour les Eléens Archidamus ; Argius accompagnait ce dernier. Les Athéniens en reçoivent la nouvelle ; ils envoient en leur nom Léon et Timagoras.
Pélopidas obtint un plus favorable accueil du roi de Perse ; il pouvait dire que seuls de tous les Grecs, les Théhains l’avaient secouru à Platée ; que depuis ils n’avaient jamais porté les armes contre lui ; que les Lacédémoniens ne leur avaient fait la guerre que pour avoir refusé de suivre Agésilas en Perse et ne lui avoir pas permis de sacrifier à Diane en Aulide, où Agamemnon avait sacrifié avant de passer en Asie et de prendre Troie. Ce qui contribuait fort à la considération de Pélopidas, c’était, et la victoire récente de ses compatriotes à Leuctres, et la nouvelle publique des ravages qu’ils venaient d’exercer dans la Laconie. Il disait encore que ceux d’Arcadie et d’Argos n’avaient été battus par Lacédémone, que parce que les Thébains étaient absens : tous ces faits étaient appuyés du témoignage de l’Athénien Timagoras, qui fut le mieux reçu après lui. Le roi ayant pressé Pélopidas de marquer quelle faveur il désirait, le général thébain demanda que Messène fût affranchie du joug lacédémonien ; que les Athéniens retirassent leurs galères, ou qu’on leur déclarat la guerre, et que les villes qui refuseraient d’entrer dans la ligue fussent attaquées les premières.
Ces résolutions prises et lues aux députés, Léon dit en présence du roi qui l’entendit : « En vérité, Athéniens, il est temps, ce me semble, que vous cherchiez un autre allié que