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Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/123

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grande, non plus que la valeur esthétique de ces poèmes ; ce n’est pas sous ce rapport que nous devons les interroger, mais seulement comme des témoins d’un état d’esprit et d’un état d’âme que nous aimerions à fixer nettement. Quelque contradiction qu’il y ait entre les croyances du poète à vingt ans et ses négations d’homme mûr, quelque variation que ses théories littéraires aient dû subir avec le temps, on ne doit rien écarter de ce qui peut faire mieux connaître une telle pensée, et les années d’étude et de formation ne sont pas les moins intéressantes à étudier.

Quand j’ai parlé du catholicisme de Leconte de Lisle, je n’aurais pas eu le droit d’être aussi affirmatif, si je n’avais pu que lui prêter les croyances que voulait défendre sa Revue ; mais j’en trouve à toutes les pages l’expression personnelle, sans qu’il soit possible d’en nier la sincérité. Ce qui frappe dans tous ses poèmes de cette époque, ce sont ses convictions religieuses, très ardentes. Pour Leconte de Lisle, alors, le progrès de l’humanité est lié au christianisme ; c’est des yeux de Jésus qu’a jailli « l’aurore du monde ; » c’est « son sang sacré qui a fécondé l’avenir ; » c’est lui qui a doté « la frêle humanité »