l’auteur des Mémoires d’une Puce de Qualité. Leconte de Lisle avait oublié Julien Rouffet, dont l’amitié lui était aussi chère que les vers lui étaient harmonieux.
Il ne se rappelait plus celui dont l’affection
« l’honorait », à qui il écrivait qu’ils étaient
« faits l’un pour l’autre, » que leurs âmes se
comprenaient, « l’homme de son choix ! » le
cœur qu’il met « en dehors de bien d’autres ; »
celui que, dans un bel élan de lyrisme amical,
il se prend à tutoyer ; son correspondant
le plus cher, son poète le plus admiré ! Il ne
se le rappelait plus ! L’amitié a de ces infidélités comme l’amour.
Que de choses on sème
le long de la vie ! Comme il est bizarre pourtant que
ce soit justement par ce paquet de
lettres adressées à cet oublié que l’oublieux
ami soit réveillé de nouveau. Scripta manent.
Si la première lettre est datée de Rennes, janvier 1838, la seconde est de Dinan, février 1839. Et voilà qui fixe définitivement, comme je l’avais pressenti, le séjour de Leconte de Lisle à Dinan, « de février 1838 à la fin de l’année scolaire, en tout six mois environ. » La septième lettre est datée de Rennes, octobre 1838. Le candidat au baccalauréat a-t-il suivi les cours du Collège de Dinan pendant ce se-