Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/247

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publier dans un ordre convenable, si elles étaient destinées à me survivre. »

Pendant plus de dix ans encore, l’amitié entre les deux poètes ne cessa de se fortifier. Quand Brizeux, en avril 1858, résolut de partir pour le pays du soleil, où la mort devait venir le chercher, il écrivait de Corbeil :

« Ma santé est telle que l’a vue Barbier : je ne puis obtenir désormais d’amélioration que par la chaleur et comme elle ne nous visite guères avant le mois de juin, je prends le parti, tout faible que je suis, de l’aller chercher. Je désespère à mon grand regret de vous voir et Barbier, car mon départ est fixé à mercredi. »

Lacaussade alla lui serrer la main et son affectueux empressement et ses délicates attentions touchèrent vivement le cœur de son ami, et plus tard mourant, le 24 avril 1858, il dictait à Saint-René-Taillandier un nouveau témoignage de sa reconnaissance :

« Cette visite d’adieu à Corbeil avec ces deux petites bouteilles d’un vin si rare[1] et d’une si grande valeur, est un des traits qui n’étonnent pas, venant de vous, mais qui touchent le cœur et y restent. Je suis arrivé épuisé par

  1. Deux bouteilles de vin de Constance que Lacaussade avait portées à son ami.