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Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/253

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à la messe de Minuit. Il est venu là, chercher le souvenir de Marie. Une note inachevée sous-entend l’émotion de sa recherche :

« Fanche me dit : Pellan, etc… »

Et il s’arrête craignant d’achever la confidence de Fanche, mais cet etc., il l’a développé dans ces vers de Marie :

J’essayai de revoir, Seigneur, était-ce un crime ?
Celle qui près de moi, dans notre âge innocent,
À votre saint banquet s’assit en rougissant.
Je ne la nomme plus ! Mes yeux avec tristesse
La cherchèrent en vain, cette nuit, à la messe ;
Dans la paroisse en vain je la cherchai depuis,
Elle a quitté sa ferme et quitté le pays…

Et à ceux qui ont contesté la réalité de cet amour d’enfance, après cet aveu que Brizeux n’a pas voulu confier même à son carnet, j’en veux signaler un autre, naïf et complet dans son expansion, celui-là : le voici, textuellement copié sur un morceau de papier jauni, tel qu’il est écrit au crayon, de la main de Brizeux :

« Écrit, assis sur les gaules du Pont Kerlo, aujourd’hui lundi, 4 septembre 1843, à 2 heures. C’est la dernière fois que je vois le doux pont rustique. La route nouvelle arrive jusqu’au bas de la vallée. Encore un an, tout sera changé… Ô mon cœur ! »