Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/66

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nigrée, c’est qu’ils ont détruit l’œuvre pittoresque des aïeux. Et nous-mêmes, s’il y avait encore des poètes parmi nous, ne devrions-nous pas venger par un sonnet la calme beauté de nos rues et de nos places que les tramways à trolley ont détruite à jamais. Boulay-Paty pleurait la Place aux Arbres ; ne pourrions-nous avoir un regret pour la Place de la Mairie, et refaire, sur la destruction de la Motte, le sonnet du poète sur la Place aux Arbres[1] :

Comme à son sein la fille des champs met
La fleur des bois, et dort dans la prairie,
Rennes, la ville humble, calme et fleurie,
Avait au cœur un bouquet qu’on aimait.

Verte ramée où tant d’ombre charmait,
Lieu ravissant de longue causerie,
Place où, le soir, errait la rêverie
Et qu’à plaisir le tilleul embaumait.

On a détruit ta belle promenade,
Chère à l’enfant, au vieillard, au malade ;
Rennes n’a plus ses frais parfums au cœur !

La hache abat ce que le temps effeuille !
Du lieu qui fut des oiseaux le doux chœur,
Que ce sonnet reste une verte feuille.

Les touristes modernes n’ont pas été très cléments pour Rennes.

Rennes, dit un voyageur, « grande préfec-

  1. Nature, Sonnet XXXVI