flatteuses paroles d’un suborneur, comme Ève écouta celles du serpent ; ce gyrovague qui n’a jamais su s’arrêter à l’embranchement de deux routes et qui a constamment arboré la couleur du Jour, sans s’embarrasser si elle faisait gloire ou tache à la France ; et ce vrai citoyen, pur comme le soleil, dans l’histoire de nos désastres, qui n’a jamais apporté la moindre matière combustible dans le brasier de nos discordes civiles ; cette vierge ingénue, peu inquiète si son nom se retrouvera ou pas dans les débris du siècle et ne voyant dans son âme qu’une immortelle exilée ; et cette vieille coquette qui n’a pas songé un seul instant à embellir de saintes espérances son existence terrestre ; ce politique turbulent, livré à d’interminables discussions, pour trouver quelque intermède propre à rapprocher des éléments inassociables de leur nature ; et ce cacochyme maladif allongé sur la pelouse, tout occupé de se remémorer le tissu de ses anciennes puérilités ou d’ajouter de nouveaux rêves à ses espérances invétérées : cette bonne vieille, revenue des joies vulgaires, causant tout bas dans un coin avec Dieu ; et cette petite déité d’argile fort satisfaite de sa draperie, de ses charmes et de sa pantomime : ce fumeur à la journée, tirant symétriquement de sa poche
Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/77
Apparence