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Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/78

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l’étui de cuir où sont renfermés sa pipe et son briquet ; et ce priseur au ton doucereux et emmiellé, vous offrant galamment une pincée de la poudre que contient sa tabatière ; cet adolescent sans expérience qui pense prématurément à asseoir sa vie en prenant femme ; et cet ennuyeux barbon lassé de la sienne, qui ne sait comment s’ingénier pour s’en débarrasser au plus vite ; ce polyphème à moustaches de sapeur, qui, après avoir été en quelque sorte un des dromadaires de l’armée d’Égypte, est revenu faire mettre des compresses sur ses contusions, par ceux qui l’appelaient jadis tout court Gabriel ; et ce compagnon du Devoir, qui, las d’être une machine à fabriquer des clous où des têtes d’épingle, vient de s’engager, dans l’espoir de devenir un des maréchaux de Philippe Ier et veut avant de partir, fêter ici pour la dernière fois son vieux maître, ses voisins et ses amis : ces nymphes parfumées au goudron, et au corsage épais, dont les pieds parchus font sur le sable des allées le même effet que l’instrument du paveur dans nos rues… »

Qui disait donc qu’il n’y avait personne dans les rues de Rennes ? C’est une foule que nous dépeint l’abbé Manet. Ce Rennes est un vrai microcosme ! Et ce n’est pas tout, car le dé-