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Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/81

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Verdun, les usuriers de Metz, les mangeurs de Poitiers. »

Voilà ce que l’abbé Manet avait vu dans les rues de Rennes. Quand aura-t-il tout vu ?

Est-ce un fragment de sermon ? Est-ce une satire réelle ? N’est-elle pas un peu générale ? Gabriel est-il un Malouin ? La comtesse de N*** est-elle une Rennaise ? Faut-il prendre cette boutade au pied de la lettre ? L’abbé Manet corrige un peu plus loin ce qu’elle semble avoir d’excessif et d’oratoire et de vague.

« Les Rennais, dit-il, sont, en général, d’un naturel doux, sociables[1], obligeants. L’esprit et un certain sel épigrammatique leur sont particuliers. Chez eux l’honneur ne s’escompte pas, et s’il est ailleurs des palais où l’argent est tout, il est là des chaumières où il est regardé comme rien. Ils ne se sont pas chargés de fournir l’Europe d’arlequins et leur coutume n’est nullement de laisser d’un œil sec le misérable languir à leur porte pour aller au théâtre pleurer les malheurs de la famille d’Agamemnon. »

Les Rennais ne sont pas loin, à ce compte, d’avoir maintenant toutes les qualités, et c’é-

  1. L’abbé Manet ne croit pas à ta tradition de l’Épaule rennaise.