Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/87

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regard. Tous ceux qui ont franchi le seuil de son appartement à l’École des Mines se rappellent la cigarette fichée au coin moqueur de sa bouche. Je ne sais si dans sa garde-robe modeste[1] et dont la postérité ne connaîtra jamais sans doute l’inventaire, — les comédiens, seuls, ont de ces honneurs-là ! — je ne sais si on a retrouvé la flûte dont retentirent les échos de sa chambre d’étudiant à Rennes, et certaine pipe et certaines lunettes. Et cependant flûte, pipe et lunettes, car c’était une pipe et des lunettes alors, ont joué un rôle dans sa vie de jeune homme.

Un de ses premiers ennuis lui est venu de ces lunettes et de cette pipe : il dut ses premières joies musicales, — ses dernières sans doute, car il goûtait peu la musique vers la fin de sa vie, — à la flûte, aimée de son père et imposée par lui.

  1. À propos de la façon de se vêtir, Leconte de Lisle m’a raconté ceci. Vers la fin de sa vie, il avait acquis une pelisse de fourrure, qui n’avait rien d’une splendeur provocante. Un de ses confrères à l’Académie, pourtant, l’arrêtait, un jour, par un des boutons de cette pelisse, et, faisant attention à sa grande assiduité aux séances, lui demandait brusquement :
    — Est-ce avec vos jetons de présence que vous vous êtes payé ça, mon cher confrère ?
    Et j’entends encore Leconte de Lisle, me rapportant sa réponse, qui prenait des proportions épiques :
    — Confrère ! Confrère !… Le misérable ! riche comme il est et poète comme il n’est pas !