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avant l’amour

dont le dur onyx semblait se fondre en un fluide d’or, sous les cils sombres. Et, à demi-voix, il répétait :

— Pauvre petite ! pauvre petite !

Mon cœur éclata. L’heure, le lieu, ma douleur, tout disposait mon âme aux confidences. Dans l’ombre rayée de rayons obliques où se rafraîchissaient mes yeux, assise avec Maxime dans les menthes sauvages et les véroniques du bois, je racontai l’histoire courte, et banale, et toujours lamentable, du premier amour déçu. Maxime m’encourageait par une pression de main, par un mot affectueux, et comme je m’excusais, confuse :

— Pourquoi rougir ? dit-il en se penchant vers moi. Est-ce que je ne suis pas ton frère ? Est-ce qu’à notre ancienne fraternité ne doit pas s’ajouter le sentiment plus délicat d’une amitié d’élection ? Va, ma chère Marianne, parle-moi de tout ce qui t’intéresse, de tout ce qui t’afflige, de ton ennemie, madame Laforest, de ce don Juan de Rambert. Je t’aime bien et pourtant je ne suis pas prodigue de