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avant l’amour

herbes, plus légère, je courais au ru bordé de saules, d’églantiers et de chênes verts. Maxime m’attendait. L’étroit ravin, où s’entrecroisaient des ramilles sur le filet d’eau presque tari, nous séparait encore. Le jeune homme me tendant ses deux mains, d’un bond je franchissais le fossé et, toute haletante, toute rose et rieuse, je le saluais d’un gai bonjour.

Alors, nous nous asseyions sur un tronc renversé et nous parlions de nos rêves, de nos ennuis, de nos lectures, des gens qui nous entouraient. La solitude rendait notre causerie plus affectueuse. Derrière nous montait la côte rapide jusqu’au plateau des grands pins : devant nous se massaient les toits fauves des chaumières, les tuiles rouges des hangars, l’ardoise des maisons dominées par le clocher. Sous l’azur lavé des ciels d’octobre, les saules égrenaient des feuilles blondes ; quelques branches, dans l’épaisseur, gardaient des gris délicats de perle, des verts d’argent. Des vaches paissaient l’herbe flétrie étoilée de